

I- L'obtention de l'image radiographique



II-
Les applications médicales de la radiographie










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Naissance de la radiographie :
les rayons « magiques » du professeur Röntgen.
Professeur titulaire à l'université
Julius Maximilian de Würzburg (Allemagne) depuis 1888, Wilhelm Conrad Röntgen
vient tout juste d'être nommé recteur quand il publie l'article intitulé «Sur
une nouvelle sorte de rayonnement».
I.
Des rayons bien mystérieux
Malgré le caractère très
confidentiel des comptes rendus des séances de la Société physico-médicale
de Würzburg, l'article va très vite faire le tour de l'Europe. Nous sommes
en décembre 1895.
«Si on laisse passer la décharge d'une grosse bobine de Ruhmkorff à travers
un tube à vide (. . .) et que l'on recouvre le tube d'un manteau
suffisamment ajusté de carton noir mince, écrit Wilhelm Röntgen, on voit
alors, dans la pièce complètement obscure, qu'un écran de papier recouvert
de platinocyanure de baryum, amené à proximité de l'appareil, s'illumine
fortement et devient fluorescent lors de chaque décharge. (...) Cette
fluorescence est encore visible à deux mètres de l'appareil. On est
rapidement convaincu que cette fluorescence provient de l'appareil à
décharge et d'aucun autre endroit de la conduite électrique.»
Le fait que l'enveloppe de carton noir - qui ne laisse habituellement passer
aucune lumière, ni celle du soleil ni celle d'une lampe à arc électrique -
soit «perméable» surprend Wilhelm Röntgen. Car, non seulement, suite à la
décharge, un «agent» passe, mais de plus il est capable de produire une
fluorescence assez vive. Très rapidement, Wilhelm Röntgen s'aperçoit que
d'autres corps laissent passer, à des degrés divers, ce nouveau rayonnement.
Ainsi, le papier est si «transparent» à ces rayonnements que l'écran
fluorescent est encore distinct à travers un livre relié de mille pages...
Mais ce n'est pas tout. Un jour, entre l'appareil à décharge et l'écran, il
place sa main. Il en voit alors distinctement l'ombre et aperçoit également
celle, plus claire, de ses os. Wilhelm Röntgen, stupéfait, avance déjà
quelques explications, tout en continuant ses expériences. |

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II. X comme l'inconnue en
mathématiques
À
la fin du siècle dernier, les premiers radiologues utilisaient cet
appareillage, dit machine statique de production de rayons X. |
Il démontre que ces rayons, jusqu'alors inconnus, sont si pénétrants qu'ils
sont capables, sans être déviés de leur trajectoire rectiligne ni être
réfléchis ou réfractés, de traverser l'air, le verre, le papier, le bois ou
les tissus humains. Aucun champ magnétique ou électrique ne peut les dévier.
Wilhelm Röntgen suppose -- ce sera confirmé plus tard -- que ces rayons sont
analogues aux rayons de la lumière, mais qu'ils sont beaucoup plus
énergétiques. Il les baptise «rayons X», X comme l'inconnue en
mathématiques.
Né en 1845 à Lennep (Allemagne), Wilhelm Röntgen n'a pas obtenu son
baccalauréat en raison de mauvais résultats en langues mortes. Il devient,
tout de même, docteur ès sciences en 1869. Il commence alors à travailler
sous la direction du grand physicien allemand August Kundt. En 1870, il fait
une communication sur les chaleurs spécifiques de l'air, qui le fait
connaître. Véritable bourreau de travail, passionné de recherche, Wilhelm
Röntgen va, dit-on, rester, seul, dans son laboratoire del'u- |
-niversité
Julius-Maximilian de Würzburg durant sept semaines pour répéter toutes les
observations exceptionnelles qui l'amènent à découvrir les rayons X. Il vérifie
maintes et maintes fois les résultats qu'il obtient avant d'en faire part à la
communauté scientifique. On lui apporte ses repas au laboratoire, il y dort. Il
ne quittera pas l'université avant de s'être convaincu qu'il vient de faire une
grande découverte. Puis, sur de lui, il propose une communication à la Société
physico-médicale de Würzburg et envoie ses clichés à travers toute l'Europe.
L'imagerie médicale est née. En hommage à ces travaux, Wilhelm Röntgen reçoit en
1901, le premier prix Nobel de physique. Les rayons X entrent, avec le siècle,
dans l'histoire de la médecine. Ils deviennent rapidement indispensables aux
médecins et aux chirurgiens du monde entier. En France, quand la Première Guerre
mondiale éclate, l'aménagement, à Paris, de l'Institut du Radium est terminé.
Mais il ne peut fonctionner, car les hommes sont mobilisés. Marie Curie, qui
dirige l'un des laboratoires, ne veut pas rester inactive.
Elle connaît les possibilités offertes par les rayons X et imagine l'aide
inestimable qu'ils pourraient apporter aux chirurgiens du front. Après avoir
fait l'inventaire des appareils disponibles à l'université de Paris, Marie Curie
propose aux ministères concernés de créer un service de radiologie aux armées, à
la tête duquel elle est officiellement nommée " directeur du service
radiologique de la Croix-Rouge ".
III. Le premier service
d'imagerie médicale
Elle met alors sur pied le premier service
important d'imagerie médicale en France et innove encore en équipant des
véhicules d'appareils radiologiques. Ainsi, pendant la bataille de la Marne,
pour éviter de ramener les 5 blessés à l'arrière, des unités radiologiques
vont sur le front. Les « Petites Curie »se rendent dans les hôpitaux de
fortune souvent composés de simples tentes. Sur place, la production de
courant est assurée soit par un groupe électrogène installé sur la voiture,
soit par le moteur du véhicule qui entraîne une dynamo placée sur le marche
pied. Tout cela est bien rudimentaire, mais suffisant pour que plus de cent
mille soldats, blessés au front ou sur les premières lignes, soient
examinés. Les rayons X permettent au médecin de faire un diagnostic non
seulement plus rapide, mais aussi plus sûr. Parfois, les chirurgiens
interviennent immédiatement profitant des indications que donnent les rayons
X. Comme l'écrit Marie Curie, les blessés sont donc «opérés sous le contrôle
des rayons en particulier dans le cas de réduction de fracture»
A cette
époque, la radioscopie n'est pas encore très employée en France. Elle est
cependant déjà enseignée à Paris, à l'hôpital Saint-Antoine, par le Dr
Antoine Béclère. C'est une technique qui trouve tout à fait sa place dans
les interventions d'urgence. Elle permet d'examiner la région atteinte et de
délimiter avec précision la zone où la plaque radiographique doit être
appliquée. |

Chef de service à l'hôpital Tenon (Paris),
le Dr Antoine Béclère fut le premier médecin français à utiliser la
radiographie pour examiner ses malades même si ses collègues lui
reprochaient de «déshonorer le corps médical en devenant photographe»! |
Radioscopie et
radiographie sont complémentaires surtout lorsqu'il s'agit de localiser des
balles ou des éclats d'obus.
Les rayons X sont
désormais très utilisés en médecine. très vite pourtant, on s'aperçoit qu'ils
sont également dangereux. Sur des sujets sains, ils provoquent, à forte dose,
des radio dermites. Ce sont des affections graves, des «brûlures qui peuvent
être incurables, se manifestant après une période d'incubation».
IV. Le combat de Marie
Curie
Des mesures de prévention doivent être prises. Des spécialistes mettent au point
des appareils de protection à base de plomb et recommandent que l'utilisation
des appareils de radiologie soit réservée à des médecins et à des techniciens
spécialement formes.
Certains ingénieurs et professeurs mobilisés sont formés aux techniques de base
de la radiographie, mais ils sont très vite débordés. Un enseignement est alors
créé pour les médecins à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce (Paris) et pour les
manipulateurs dans une école parisienne du service de santé des armées. Cela ne
suffit pas et Marie Curie revient du front - où elle laisse sa fille Irène qui,
à peine âgée de 18 ans, la suivait depuis les premiers jours - et décide de
former des manipulateurs.

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Près de deux cents «équipages
radiologiques» se rendent sur le front pour éviter que les malades ne
soient transportés. Les «Petites Curie» ont ainsi permis de faire plus
d'un million d'examens.
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V. Des milliers d'hommes
sauvés
Marie Curie persuade des jeunes filles de tous les milieux sociaux de se mettre
au service de la France. Les cours ont lieu à l'Institut du Radium, vide depuis
1914. En deux mois, elle forme une vingtaine de manipulatrices. Elle demande
ensuite à Irène de la seconder puis de la remplacer. De 1917 à la fin de la
guerre, cent cinquante manipulatrices formées à l'Institut du Radium iront
assister les radiologues sur le front. L'effort d'adaptation des services
radiologiques aux besoins de la guerre a été considérable. Des milliers d'hommes
ont eu la vie sauvée et des centaines de milliers d'autres ont pu éviter les
complications grâce à l'utilisation des nouveaux rayons. Plus d'un million
d'examens ont été pratiqués durant les deux dernières années de guerre. Neuf
cent mille soldats blessés ont ainsi été les premiers à bénéficier des progrès
extraordinaires qu'auront permis d'accomplir, en médecine, la découverte de
Wilhlem Röntgen d'une part, l'ingéniosité et le dévouement de Marie Curie,
d'autre part.
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