

II.
La fibre optique
INTRODUCTION
Dès
l'Antiquité la lumière a été utilisée pour transmettre des messages ou des
informations. Puis les lanternes, les signaux de fumée ou les miroirs ont
disparu au profit d'un moyen moderne de communication, le téléphone. Nous
assistons en cette fin de XX siècle à une véritable révolution dans les
télécommunications avec un retour en force des signaux lumineux.
Les fibres
optiques sont de minces cylindres de verre de silice capables de guider la
lumière sur de longues distances. Elles fonctionnent sur le même principe que
les fontaines lumineuses, où la lumière suit le trajet des jets d'eau. Les
rayons lumineux sont véritablement emprisonnés dans la fibre et prennent le même
chemin qu'elle, au lieu d'aller en ligne.
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT
Pour
comprendre le fonctionnement d'une fibre optique, il suffit de suivre un rayon
lumineux qui se propage à l'intérieur de la fibre : il touche parfois le bord
lorsqu'il n'est pas parallèle à la fibre ou lorsque celle-ci est courbée ; s'il
arrive sur le bord avec un angle assez petit, il ne peut pas sortir de la fibre
et se trouve complètement réfléchi vers l'intérieur. De la même manière, la
surface de l'eau, vue de dessous, apparaît parfois comme un miroir au plongeur
remontant des profondeurs. Ce phénomène, appelé réflexion totale interne, se
produit chaque fois que des rayons lumineux se propageant dans un milieu
transparent comme le verre ou l'eau arrivent sur la surface de séparation avec
l'air sous un faible angle d'incidence. Les différents milieux transparents sont
caractérisés par des indices de réfraction qui régissent la propagation de la
lumière. L'air et le vide ont un indice égal à 1, l'eau a un indice de 1,3, et
celui du verre, voisin de 1,5, varie avec sa composition. La réflexion totale
interne peut se produire dès que la lumière, qui traverse un milieu à l'indice
défini, arrive sur la surface de séparation avec un milieu dont l'indice est
inférieur. Afin d'éviter les pertes de lumière liées à
son absorption par des impuretés à la surface de la fibre optique, le cœur de
celle-ci est revêtu d'une gaine en verre d'indice de réfraction beaucoup plus
faible ; les réflexions se produisent alors à l'interface cœur gaine.
TYPE DE FIBRES OPTIQUES

Constitution d'une
fibre optique multimode.
Il existe principalement deux types de fibres optiques : les fibres
plastiques, et les fibres silice silicone. Les fibres
plastiques, en polystyrène (PS) ou en polyméthacrylate de
méthyle (PMMA), sont économiques, légères et souples, mais leur atténuation est
élevée ; on les utilise surtout pour les transmissions à courte distance.
Les fibres silice silicone sont constituées d'un cœur de
silice pure et d'une gaine de
silicone. Elles présentent une faible atténuation, mais sont
plus rigides et plus onéreuses que les fibres plastiques. On peut trouver
également des fibres en verres fluorés, qui sont en fait des mélanges vitreux de
divers fluorures. Leur atténuation est extrêmement faible, mais les grandes
difficultés de fabrication limitent actuellement leur utilisation à des cas très
particuliers.
Fibre optique : fibre à gradient d'indice
Le coeur est constitué par de couches de verre successives ayant un indice de
réfraction proche. On s’approche ainsi d’une égalisation des temps de
propagation, ce qui veut dire que l’on a réduit la dispersion modale.
Fibre optique : fibre à saut d'indice
Constituée
d’un coeur et d’une gaine optique en verre de différents indices de réfraction,
cette fibre provoque de part de l’importante section du coeur, une grande
dispersion des signaux la traversant, ce qui génère une déformation du signal
reçu.
Fibre optique : fibre monomode
Son coeur est si fin que le chemin de propagation des différents modes est
pratiquement direct. La dispersion modale devient quasiment nulle. La bande
passante transmise est presque infini (>10 gigahertz par Km). Le petit diamètre
du coeur (10 micromètres) nécessite une grande puissance d’émission, donc des
diodes lasers qui sont relativement onéreuses.

Propagation de la
lumière dans les trois types de fibres.

Propagation de la lumière dans une fibre à saut d'indice.
Le dessin ci-dessus indique comment se produit la réflexion des signaux lumineux
en fonction de leur angle d'émission. Ce qui démontre que le chemin parcouru n'a
pas la même longueur pour tous les rayons. C'est ce que l'on appelle la
dispersion modale.
APPLICATIONS
Assemblées par milliers, avec précision, afin de
conserver leurs propriétés de propagation, les fibres optiques sont également
utilisées pour la transmission des images. Chaque point de l'image projetée à
l'extrémité d'un paquet de fibres est reproduite à l'autre extrémité du paquet.
L'image reconstituée peut alors être observée à travers une loupe. La
transmission des images via les fibres optiques trouve de nombreuses
applications : en médecine (développement de l'endoscopie
qui permet d'explorer les organes internes du corps humain, notamment
dans le cadre de la chirurgie laser).
La
transmission optique d'information : deux grands problèmes se posent aux
ingénieurs qui veulent transmettre des signaux lumineux sur de grandes distances
dans des fibres : au fur et à mesure qu'une impulsion avance dans la fibre, elle
est d'une part atténuée et tend d'autre part à s'étaler, s'élargir.
L'atténuation doit être assez faible pour que l'impulsion soit encore détectable
à l'arrivée. L'élargissement des impulsions limite la quantité d'informations
que l'on peut envoyer dans la fibre.
Les causes d'erreurs
L'atténuation
L'atténuation provient principalement de deux phénomènes : l'absorption et la
diffusion de la lumière.
L'atténuation par absorption
L'absorption du verre de silice très pur est extrêmement faible et les très
fortes pertes que présentaient les premières fibres étaient dues à des
impuretés. En améliorant les procédés de fabrication, on est parvenu à réduire
les pertes par absorption de manière considérable.
L'atténuation par diffusion
La diffusion,
elle, est due au fait que les particules de silice, dont la fibre est formée,
renvoient un peu de lumière dans toutes les directions. C'est ainsi qu'une fibre
dans laquelle passe un laser paraît illuminée ; sans ce phénomène, on ne verrait
le laser qu'aux deux bouts. La diffusion diminue, elle aussi, avec l'élimination
des impuretés et lorsque la fibre fabriquée a une structure bien régulière, sans
défauts, micro cassures ou bulles.
Mais une
partie de la diffusion est inhérente au verre lui-même, si parfait soit-il.
Cette diffusion restante est très sensible à la longueur d'onde de la lumière :
le vert est beaucoup plus diffusé que le rouge, lui-même beaucoup plus diffusé
que l'infrarouge. C'est pourquoi les communications optiques utilisent
maintenant de la lumière infrarouge de longueur d'onde 1,3 Ym, plutôt qu'une
lumière à 0,8 ou 0,9 Ym comme dans les premiers systèmes.
La dispersion
La dispersion, qui provoque un étalement des impulsions préjudiciable à la
transmission d'information à hauts débits, a également deux origines, l'une
provenant du matériau, l'autre de la forme de la fibre.
La dispersion due au verre
Les impulsions découpées dans un laser de longueur d'onde 1,3 Ym contiennent en
réalité une petite gamme de longueurs d'onde autour de cette valeur, et le verre
ne transmet pas toutes les longueurs d'onde avec la même vitesse. Ainsi les
diverses longueurs d'onde de l'impulsion, bien groupées au début, s'étalent au
cours du trajet : les plus rapides devant, les plus lentes derrière, comme un
peloton de coureurs dans une course. Cet étalement dépend de la longueur d'onde
moyenne de l'impulsion. Il se trouve fort heureusement que la longueur d'onde
1,3 Ym, où les pertes sont très faibles, correspond aussi à une dispersion quasi
nulle ; c'est une des raisons qui a fait choisir cette longueur d'onde pour les
télécommunications à partir du milieu des années 80.
La dispersion due à la fibre
La fibre elle-même est responsable d'une certaine dispersion. En effet, les
faisceaux lumineux étant guidés par réflexions successives sur les bords, les
rayons les plus inclinés par rapport à l'axe de la fibre subissent plus de
réflexions que ceux qui vont tout droit ; ils font plus de chemin et mettent
plus de temps à arriver à destination. Une impulsion est en général composée de
rayons plus ou moins inclinés sur l'axe et dont les temps d'arrivée
s'échelonneront, d'où un élargissement de l'impulsion.
Les solutions
La première solution a consisté pour les ingénieurs à mettre au point des fibres
dont l'indice variait doucement sur une section transversale de la fibre, du
centre jusqu'au bord. Aussi la différence de trajet des rayons était-elle
compensée et la dispersion réduite ; le débit de transmission peut atteindre 1
Gigabits/seconde sur 1 km.
Mais la
solution adoptée plus couramment depuis le milieu des années 80 est d'utiliser
des fibres très fines, dont le diamètre est d'environ 5 Ym et qui ne peuvent
guider que des rayons dont l'angle est très faible. Ces fibres, dites
«monomodes», échappent presque totalement à l'effet de dispersion et leur débit
peut atteindre des centaines, voire des milliers de gigabits par seconde et par
kilomètre.
Le développement des communications optiques
Avantages par rapport aux câbles traditionnels
Comparées aux
fils de cuivre, les fibres sont plus légères, moins encombrantes, insensibles
aux perturbations électromagnétiques, inertes et résistantes à la corrosion.
Les systèmes de communications optiques
Le système de codage
Il transforme l'information en un signal électrique. Pour une conversation
téléphonique, par exemple, c'est un microphone dont le signal électrique est
numérisé aux normes des télécommunications par un système adéquat. La source
lumineuse est commandée par le signal électrique et le transforme en une suite
d'impulsions lumineuses.
Les diodes laser, sources de meilleure qualité que les diodes
électroluminescentes, émettent en particulier un faisceau plus fin qui s'adapte
bien aux fibres monomodes.
Répéteur et récepteur
Malgré les progrès dans l'atténuation des fibres, un signal ne peut voyager sur
de longues distances sans être renforcé. Cette opération est effectuée par des
répéteurs, systèmes électroniques qui, placés tous les 50 Km environ,
convertissent les impulsions lumineuses en signal électrique, amplifient ce
dernier et le retransforment en signal lumineux. Enfin, le signal atteint le
récepteur, une photodiode, qui le convertit en un signal électrique susceptible
d'être lu par le décodeur sous une forme utilisable par un téléphone, un poste
de télévision ou un ordinateur.
Les améliorations futures
Prochainement
doit s'opérer une nouvelle mutation avec le passage à la longueur d'onde 1,5 Ym
et le remplacement des répéteurs par des amplificateurs entièrement optiques qui
permettront de multiplier le débit par 100.
DU BARREAU DE VERRE AU CÂBLE MULTI-FIBRES
Les images
ci-après montrent comment l’on fabrique de la fibre monomode.
La première étape
consiste en l'assemblage d'un tube et d'une barre de verre cylindrique montés
concentriquement. On chauffe le tout pour assurer l'homogénéité du barreau de
verre.
Un barreau de verre d'une longueur de 1 m
et d'un diamètre de 10 cm permet d'obtenir par étirement une fibre monomode
d'une longueur de 150 Km environ!

Le barreau ainsi obtenu sera installé verticalement dans une tour située au
premier étage et chauffé par des rampes à gaz. Le verre va s'étirer et "couler"
en direction du rez pour être enroulé sur une bobine.
On mesure l'épaisseur de la fibre (~10um) pour asservir la vitesse du moteur de
l'enrouleur, afin d'assurer un diamètre constant.


Chaque bobine de fibre fait l'objet d'un contrôle de qualité effectué au
microscope

Puis on va enrober le verre d'un revêtement de protection (~230 um) et assembler
les fibres pour obtenir le câble final à un ou plusieurs brins.


